Après mon retour, j’ai apporté toutes les affaires à l’entrepôt privé du pape dans la cour de Sixte V. La sœur Maria, une Polonaise de la Congrégation des Sœurs de la Présentation, y travaillait déjà à cette époque – elle reste employée au même endroit à ce jour, pendant le pontificat de François. Lorsque j’ai livré les articles à l’étage, le père Stanisław est venu à l’entrepôt. Je lui ai dit tout de suite qu’il faut se souvenir que parmi les produits alimentaires il y a aussi un chien vivant… Le père Dziwisz m’a regardé avec des yeux désarmants et m’a demandé brièvement : “Pietro, tu n’aimes pas les chiens ? ” Je l’ai regardé très surpris et lui ai répondu que c’était tout le contraire. Et il a répondu : “Le Saint-Père, dès qu’il l’a vu hier, a dit que ce serait un bon cadeau pour Pietro !” Et ainsi toute l’aventure est terminée. Le chien est venu dans ma famille et s’est rapidement installé chez nous.
Souvent le dimanche après-midi, alors que je partais avec le Pape visiter les paroisses de Rome, ma femme et nos trois filles venaient à la porte du Saint-Office pour lui faire signe. Elles étaient toutes debout ensemble, l’une d’elles tenait toujours le chien dans ses bras, et le pape les a tout de suite remarquées. Nous avons le plus souvent voyagé dans Rome dans une Mercedes à toit ouvrant. Le pape se penchait hors de la voiture, saluait mes dames et me disait à voix basse tout en riant : « Pietro ! Votre femme veille sur vous ».
Jean-Paul II, comme l’actuel pape François, disait que non seulement les femmes et les hommes, mais aussi les animaux ont en eux le souffle de Dieu (un soffio divino). Il les aimait et réagissait toujours vivement à leur égard. Le gazouillis de diverses espèces d’oiseaux l’accompagnait lors de ses promenades dans les jardins du Vatican. Durant son pontificat, des perroquets qu’un jour le Saint-Père a reçus en cadeau, se sont installés derrière la Porte de Bronze. Le pape a commandé dealeur trouver une place dans l’oasis de verdure sur la colline du Vatican. Les deux spécimens ont été spontanément rejoints par d’autres perroquets romains qui se sont échappés de la cage, et maintenant il y a une grande colonie. Il y a aussi des colibris. Il y aujourd’hui de nombreux oiseaux en couleurs, au bonheur du pape émérite Benoît qui s’y promène tous les jours, malgré l’âge très avancé et la faiblesse physique. Les oiseaux se sont installés à l’arrière de la gare.
Magdalena Wolińska-Riedi “Ça s’est passé au Vatican”
Éditions Znak. Cracovie 2020