Le conclave a commencé dans la soirée du 14 octobre 1978. La première journée a été consacrée à une confrontation entre les partisans du métropolite de Gênes, Giuseppe Siri, et l’archevêque de Florence, Giowanni Benelli. Deux Italiens représentant des tendances différentes (…). Après l’exclusion des deux candidats, en fait après leur élimination mutuelle, le métropolite de Cracovie a reçu de nombreux suffrages lors des deux premiers votes le 16 octobre. La percée est intervenue pendant la pause, comme l’a dit plus tard le cardinal Luigi Ciappi. Les partisans de Wojtyła ont peu à peu convaincu d’autres membres du Collège des cardinaux. Le cardinal König était très probablement très attaché à l’acquisition progressive des voix pour Karol Wojtyła. Il avait déjà interpellé le cardinal Stefan Wyszyński, le convaincant de la justesse de ce choix (le cardinal Wyszyński avait compris à tort qu’il allait être le candidat). Le primat est allé dans la cellule de Karol Wojtyla pour le réconforter et le persuader d’accepter l’élection. Il lui a répété la question que, dans « Quo vadis » de Sienkiewicz, Jésus pose à Pierre qui fuyait Rome. Puis, d’un ton plus doux, il lui a demandé de ne pas refuser s’il était élu. “Ce sera la tâche du nouveau Pape d’introduire l’Église dans le troisième millénaire”- a-t-il ajouté. Le métropolite de Cracovie retourna à la chapelle Sixtine plus serein, mais toujours un peu anxieux. Un vieil ami, le cardinal Maximilian de Fårstenberg, recteur du Collège de Belgique, s’approcha de lui et lui murmura les mots répétés lors de son ordination: “Deus adest et vicat te” – Dieu est là et vous appelle. Lors du huitième vote, le deuxième consécutif de cet après-midi mémorable, Karol Wojtyła a été élu probablement à une majorité de quatre-vingt-dix-neuf voix. Il a accepté l’élection avec émotion et calme et a choisi le nom de son prédécesseur.
Avec le consentement du cardinal Stanisław Dziwisz – “Témoignage”