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Châle

C’est à ce moment-là que j’ai vu son visage pour la dernière fois.

A vrai dire je l’ai vue encore des centaines de fois. Chaque jour et à tout temps, avec les yeux de la foi, les yeux du cœur et les yeux de la mémoire.  Je ressens toujours sa présence mais différente de celle dont j’avais l’habitude. A ce moment-là je l’ai vu la dernière fois physiquement, humainement. J’ai vu pour la dernière fois celui qui était pour moi un père et un maître. Pour la dernière fois j’ai vu sa silhouette, ses mains. Mais avant tout j’ai vu le visage. En le regardant je me rappelais son regard car c’était lui qui attirait l’attention. Enfin,  à un moment donné j’ai ressenti sur moi ce regard  et j’ai compris que je devais … J’ai pris un tissu blanc que j’ai posé sur son visage. Doucement, comme si j’avais peur de le blesser. Comme si cette soie était pour lui un fardeau et un supplice. Heureusement les paroles de prière sont venues à mon aide : « Seigneur, laisse maintenant son visage regarder ton visage paternel. Que le visage que notre regard ne voit plus puisse contempler Ta beauté ». Il était déjà dans la maison du Père, devant la face du Seigneur. Le pèlerinage terrestre est achevé. Ainsi, en suivant les paroles de la prière j’ai commencé à évoquer les souvenirs et à revivre à nouveau les quarante années que j’ai vécues à ses côtés, aux côtés de Karol Wojtyła,  moi, un prêtre ordinaire, en côtoyant le « mystère »

Avec l’accord du cardinal Stanisław Dziwisz – « Témoignage »

Editions TBA, Varsovie 2007