Ce contraste est très profond

Il ne demandait pas d’où venaient les crèches qui se trouvaient dans la maison. Elle l’étaient là et c’était la chose la plus importante. L’archevêque raconte que le Pape devait s’arrêter un court instant devant chaque crèche. Il regardait l’Enfant dans la crèche en silence. Il était probablement en train de prier. Et c’était ainsi partout où nous allions en visite – se souvient l’ancien secrétaire. – A l’hôpital ou quelque part dans la paroisse. Partout où se trouvait la crèche, le Saint-Père devait se pencher un instant dessus. Je ne pense pas qu’il avait une crèche préférée. Pas à la maison, il les aimait toutes. Mais il devait avoir un goût particulier pour la crèche en pierre réalisée par les employés de l’entreprise de nettoyage de la ville. C’était – on pourrait dire – une petite Bethléem près du Vatican. Mille deux cents pierres du monde entier. Cinquante-quatre mètres de rues, trois rivières avec sept ponts, quatre-vingt-quinze maisons et six cent cinquante marches, pour la plupart en marbre de la colonnade de la place Saint-Pierre. À l’intérieur, il y a deux cents personnages, quatre-vingt-dix moutons, sept chameaux, quatre ânes, quatre bœufs et deux chiens. Elle devait marquer les esprits. D’autant plus que la porte de la Grotte de la Nativité était faite de rameaux d’olivier de Bethléem. Je me souviens que le Saint-Père rendait visite chaque année aux constructeurs de cette crèche – dit l’ancien secrétaire papal. – Nous venions chez eux avec des vœux de Noël. Ils attendaient avec leurs familles. Le Pape remerciait tous ceux qui ont travaillé sur la crèche. Il leur était vraiment reconnaissant – affirme l’archevêque. – Parce que cette crèche était visitée par les foules. Et plus il y a de visiteurs, plus grandes sont les chances que le Christ trouve refuge parmi eux aujourd’hui. Je veux dire que certaines consciences ont besoin d’être abordées de manière aussi picturale. Le Saint-Père le voyait. Et il appréciait le travail de ceux qui y contribuaient. Quiconque l’a vue de près dit que la chose la plus émouvante dans une telle crèche de pierre, était que l’enfant Jésus gît parmi des pierres brutes et froides. Ce contraste est très profond. Quoi qu’il en soit, Jean-Paul II soulignait à plusieurs reprises cette humiliation de Dieu. Le fait que Dieu était sans abri parce que personne ne voulait l’accepter sous son toit.
Avec l’accord de Mgr Mieczysław Mokrzycki – “Une place pour tout le monde”
Editions Znak, Cracovie 2013