Apres quinze minutes, le roi est apparu

Un jour le roi d’Arabie Saoudite devait arriver. Habituellement, les chefs d’État sont reçus entre neuf heures et demie et dix heures, heure à laquelle commence la partie officielle de l’audience. Littéralement quelques minutes avant la rencontre prévue, l’ambassadeur saoudien auprès du Saint-Siège est venu voir le préfet de la Maison pontificale avec l’information que le roi ne pouvait pas comparaître à cause d’un imprévu important. En fait, le roi a refusé une audience avec le Pape ! J’ai emmené le préfet dans l’ascenseur jusqu’au secrétaire du Saint-Père, et le préfet a informé le père Dziwisz que le roi ne viendrait pas. Le Saint-Père a réagi en disant : “Bien sûr, tant pis, il n’y a pas de problème”. Je me souviens qu’ils sont tous partis, tous les gardes – gentiluomini di Sua Santità, la Garde Suisse – ont quitté la cour de Saint Damase, et peu après il n’y avait plus aucune trace des préparatifs de la cérémonie. Peu avant midi, l’ambassadeur saoudien est revenu vers le préfet pour lui annoncer que le roi a désormais a le temps et peut venir. Le Saint-Père a de nouveau répondu sans ciller : “Eh bien, bien sûr, j’attends.” Tout s’organisa de nouveau dans la cour comme deux heures plus tôt, et quinze minutes plus tard le roi est apparu.

Magdalena Wolińska-Riedi “C’est arrivé au Vatican”

Edition  Znak. Cracovie 2020