J’ai gardé le souvenir du repas avec Mère Teresa. Il y avait une ambiance extraordinaire. Une sainte rencontrait une autre sainte. Il y a eu beaucoup de rencontres avec Mère Teresa – plus ou moins officielles – mais ce déjeuner, il me semble que c’était en 1997, peu de temps avant la mort de Mère Teresa, m’a semblé exceptionnel. Il y avait tant de bonté dans leurs entretiens, tant d’amour pour le prochain. Jean-Paul II n’avait pas tellement l’habitude d’inviter des religieuses à partager son repas. Il a fait une exception pour elle. Il voulait la distinguer et montrer qu’il soutenait son œuvre, c’est pourquoi il l’a invitée à sa table.
– Une amitié exceptionnelle les unissait…
– On peut dire qu’ils se comprenaient sans avoir besoin de paroles. Le Saint-Père admirait l’œuvre de Mère Teresa, son grand charisme. Il admirait la façon dont elle s’occupait des pauvres et des abandonnés, sa façon de vivre dans la pauvreté, portant la lumière de l’espérance aux plus nécessiteux.
– Bien qu’elle vécût elle-même dans les ténèbres pendant de longues années. Elle a écrit dans son journal s’être sentie abandonnée par Dieu. En a-t-elle parlé avec le Saint-Père ?
– Je n’en suis pas sûr, mais je pense que le Saint-Père n’en savait pas grand-chose. Mère Teresa lui ressemblait en ceci qu’elle était très discrète dans sa foi, ses prières, ses relations avec Dieu. D’où ma supposition qu’ils n’en ont pas parlé. Mais je n’en suis pas certain. En revanche, ils ont beaucoup parlé de l’aide, du travail des Sœurs Missionnaires de la Charité, au Vatican également. (…) Le Saint-Père nous disait toujours avoir beaucoup d’estime pour elle et lorsqu’il rencontrait des gens qui pouvaient avoir une influence, qui pouvaient lui apporter de l’aide, il leur confiait l’œuvre de Mère Teresa
– Comment a-t-il pris la nouvelle de sa mort ?
– Il n’a rien manifesté, mais d’après i’ expression de son visage, j ai vu qu’il avait beaucoup de chagrin. Elle lui était chère. Nous avons regardé son enterrement à la télévision. Ensuite, lors de l’Angélus à Castel Gandolfo, il a parlé de Mère Teresa : « Je l’ai rencontrée plusieurs fois et elle reste dans ma mémoire, avec son apparence si menue. Elle, dont toute la vie a été engagée au service des plus pauvres, mais qui était aussi une femme remplie d’une énergie spirituelle inépuisable, l’énergie venant de son amour du Christ ».
– Et il a décidé d’un rapide procès de béatification.
-Le Saint-Père désirait même passer directement à la canonisation, mais après la rencontre avec les cardinaux, la décision a été prise de respecter tout de même les procédures. Jean-Paul II a décidé que le procès commencerait plus tôt. Six ans seulement après la mort de Mère Teresa – en 2003 – il l’a déclarée bienheureuse.
Avec l’accord de l’archevêque Mieczysław Mokrzycki – « Le mardi était son jour préféré »
Edition M, Cracovie 2008