Il avait une grande liberté intérieure. Par sa manière de vivre sa foi, parce qu’il étai profondément enraciné dans une foi pleine et totale, c’était un homme profondément libre. Un homme détaché des biens matériels mais aussi de lui-même. Il savait écouter et aussi accepter une critique. Il s’excusait, s’il le jugeait nécessaire.
Je dois dire qu’il vivait très modestement. Il se contentait toujours de ce qu’il avait. C’était la même chose pour la nourriture. Je pense que parfois il ne savait même pas ce qu’il mangeait. Il avait toujours des gens à sa table, à déjeuner ou à dîner, et pour lui les gens étaient plus importants que ce qu’il avait dans l’assiette. Il les interrogeait sur un problème, une situation ou sur les événements du monde, mais il se laissait aussi interroger. C’était une conversation dans le vrai sens du mot.
C’était aussi quelqu’un qui n’avait jamais attaché d’importance aux commodités et à l’agencement des espaces où il habitait. À le voir depuis la place Saint-Pierre, le troisième étage du palais apostolique, son appartement, pourrait ressembler à un château. En réalité, il était composé d’une pièce divisée en deux, le bureau et la chambre à coucher. Et là il ne changea rien à l’appartement que Paul VI et Jean-Paul I avaient habité. Les seules nouveautés – je le sais car c’est moi qui, après l’élection, avait apporté de Cracovie le peu de choses qu’il m’avait demandées – étaient les photos de ses parents et de son frère, Edmund, et un petit cadre avec la Christ souffrant.
Certes, comme pape il était riche, mais il n’a jamais eu d’argent personnel. Il n’avait aucun salaire – je le dis pour ceux qui auraient cette curiosité -, c’était la secrétairerie d’Etat qui prenait soin de l’entretien de l’appartement et de ses dépenses. Mais, à vrai dire, Karol Wojtyła n’a jamais été un expert dans la gestion de l’argent.
Avec l’accord du cardinal Stanisław Dziwisz « J’ai vécu avec un saint »
Edition – Wydawnictwo Św. Stanisława – Cracovie 2013