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La première fois que les gens découvraient qu’un pape avait été enfant.

Il y avait une extraordinaire relation entre Karol Wojtyła et les enfants. A commencer par le fait qu’il fut le premier pape dans l’histoire de l’Eglise qui écrivit une lettre aux enfants du monde entier, une lettre dédiée exclusivement à eux, aux enfants. Ils étaient appelés à être des interlocuteurs privilégiés du pasteur suprême, et se voyaient confier un devoir très grand mais aussi très pesant : prier pour la paix dans le monde. L’écriture était simple, compréhensible, sans la prétention, comme quelqu’un l’a dit au Vatican, d’élaborer une  « mini-encyclique », mais destinée à bien entrer dans les pensées, la mentalité, la vie même des enfants. En fait, ce n’était pas le pape qui écrivait, mais Karol (Charles), voire Lolek (Charly), comme on l’appelait à la maison et entre amis. C’était Lolek qui rappelait, dans sa lettre, qu’à la venue de Noël il allait en hâte voir la crèche ; et que, le jour de la première communion, c’était la fête dans la paroisse, avec l’immanquable « photo de famille ».

Ce sera probablement une boutade, mais pensez-y : c’était la première fois que les gens découvraient qu’un pape avait été enfant. Quand on élisait un nouveau pontife, sa biographie, dans les communiqués officiels, commençait toujours par sa jeunesse, ou, au mieux, par ses années de séminaire. Jamais les premières années. Or, dans cette lettre, c’était un pape qui écrivait : « en pensant à l’époque ou, il y a de nombreuses années, j’étais petit comme vous ». (…) Avec les enfants, il commença à se raconter. Le souvenir le plus lointain concernait son frère aîné, Edmund, qu’il adorait. Un jour, Edmund était allé jouer au ballon et, comme il avait amené avec lui Lolek (qui avait quatre ou cinq ans), il l’avait laissé derrière les buts. Quelqu’un avait donné un coup de pied très fort dans le ballon, qui était allé frapper le petit, le jetant violemment à terre.

Lolek était un enfant comme les autres. . Il était très sage à l’école, mais ce n’était pas, comme on dit, un bûcheur. Lui aussi commença à donner des coups de pied dans un ballon et choisit d’être goal. Il avait tant d’amis, et parmi eux Jerzy Kluger, un juif, auquel il restera lié toute sa vie. Ils allaient se baigner dans un ruisseau, le Skawa, et l’hiver, sur la glace, ils allaient patiner. A neuf ans, Lolek perdit sa maman, ensuite son frère, plus tard encore son père. Il aurait pu faire du théâtre, mais il décida de devenir prêtre. Entre-temps, la Seconde Guerre mondiale éclata et là, ses souvenirs s’interrompirent. Trop de tragédies ! Trop de deuils !

Quand il était avec les enfants, Jean-Paul II était si naturel et si spontané, qu’il semblait être plus pleinement lui-même. Il  donnait l’impression de vouloir redevenir à son tour comme un enfant. « Ne présente-t-on pas Jésus l’enfant comme modèle même pour les adultes ? » avait-il écrit dans sa lettre.

C’est peut-être aussi pour cela que, quand il prenait un enfant dans ses bras, il l’embrassait et ensuite l’élevait vers le ciel, comme pour le montrer à tous et dire : vous devez retrouver l’innocence de la vie propre eux enfants. Il fit cela le 13 mai, prenant entre ses bras une petite fille blonde. Et, soudain, après l’avoir rendue aux parents, on entendit ces deux terribles coups de feu…

Avec l’accord du cardinal Stanisław Dziwisz « J’ai vécu avec un saint »