Karol Wojtyła nous a souvent joué des tours, et il l’a réussi le mieux une fois à Castel Gandolfo. Nous étions assis sur la belle place devant le palais, ayant payé une fortune pour le café et le Coca, et attendant la sortie du Pape. Nous savions tous qu’il quittait parfois le palais pour se promener pendant ses vacances. De temps en temps, de grosses voitures de luxe franchissaient le portail. Nous avons sauté sur nos pieds alors, essayant de repérer le pape, mais à chaque fois c’était l’un des cardinaux ou des évêques qui se trouvait à l’intérieur. C’était une expérience vraiment excitante quand tous ces joyaux avançaient lentement dans la cour de Castel Gandolfo. Non seulement parce qu’à chaque fois nous nous attendions à ce que le pape se trouve dans l’un d’eux, mais aussi parce que la porte menant à la cour du palais était extrêmement étroite et qu’il fallait beaucoup d’habileté pour la traverser sans rayer la carrosserie de la voiture. Dès qu’une limousine quittait le palais, les photographes actionnaient immédiatement leurs appareils. Le secrétaire d’État Angelo Sodano était souvent assis dans une telle voiture de luxe, utilisant une Mercedes S bleue. (…) Bien que nous nous soyons accroupis devant le palais comme des chiens de chasse et, juste au cas où, une deuxième équipe attendait à la sortie latérale de Castel Gandolfo, nous n’avons jamais réussi à voir le pape sortant. Nous avions déjà commencé à soupçonner qu’il avait peut-être renoncé à la promenade, même si sa passion pour les randonnées contredirait cela. Il aimait la montagne et il était impensable qu’il puisse passer des vacances sans gravir au moins un sommet. Pendant ce temps, debout devant Castel Gandolfo, nous n’avons jamais prêté attention à la petite voiture qui entrait et sortait parfois du palais. Il y avait toujours un monseigneur assis à côté du chauffeur, tenant devant lui un journal déplié. Il ne nous est jamais venu à l’esprit qu’il cachait derrière lui le visage de Jean-Paul II accroupi sur la banquette arrière. Visiblement Karol Wojtyła préférait laisser les limousines de luxe à ses cardinaux.
Andreas Englisch « Guérisseur. Miracles de saint Jean-Paul II ».
Maison d’édition WAM. Księża Jezuici. Kraków 2015