Heureuse celle qui a cru

« Heureuse celle qui a cru » (Lc 1, 45) : dans le mystère de l’Incarnation, Marie a aussi anticipé la foi eucharistique de l’Église. Lorsque, au moment de la Visitation, elle porte en son sein le Verbe fait chair, elle devient, en quelque sorte, un « tabernacle » – le premier « tabernacle » de l’histoire – dans lequel le Fils de Dieu, encore invisible aux yeux des hommes, se présente à l’adoration d’Élisabeth, « irradiant » quasi sa lumière à travers les yeux et la voix de Marie. Et le regard extasié de Marie, contemplant le visage du Christ qui vient de naître et le serrant dans ses bras, n’est-il pas le modèle d’amour inégalable qui doit inspirer chacune de nos communions eucharistiques ?

(…) En un sens, Marie a exercé sa foi eucharistique avant même l’institution de l’Eucharistie, par le fait même qu’elle a offert son sein virginal pour l’incarnation du Verbe de Dieu. Tandis que l’Eucharistie renvoie à la passion et à la résurrection, elle se situe simultanément en continuité de l’Incarnation. A l’Annonciation, Marie a conçu le Fils de Dieu dans la vérité même physique du corps et du sang, anticipant en elle ce qui dans une certaine mesure se réalise sacramentalement en tout croyant qui reçoit, sous les espèces du pain et du vin, le corps et le sang du Seigneur.

Il existe donc une analogie profonde entre le fiat par lequel Marie répond aux paroles de l’Ange et l’amen que chaque fidèle prononce quand il reçoit le corps du Seigneur.

Jean-Paul II ; LE Ecclesia de Eucharistia, 17 avril 2003

D’après « Les grands textes du pontificat » ; éditions du Jubilé 2005