Homélie de Mgr Marek Jędraszewski à l’occasion du 40e anniversaire de la Fondation de Jean-Paul II – 2e partie

La confession de Pierre peut donc être considérée comme une sorte de manifestation de la plus haute révérence et de la confiance que les Apôtres ont montrée à Jésus. Entre-temps, à leur entière surprise et même à leur opposition intérieure, le Seigneur Jésus a déclaré, annonçant son destin dramatique à Jérusalem : « Le Fils de l’homme doit souffrir beaucoup : il sera rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes ; il sera tué » (Lc 9, 22). Est-il possible alors dans la description de saint Luc, que la séquence d’événements de l’Ecclésiaste devrait venir au premier plan, dans laquelle le “moment de la mort” devait inévitablement venir après le “moment de naître”, et après le “moment de la plantation”, c’est-à-dire le temps de semer la semence du Royaume de Dieu, il doit inévitablement y avoir le « temps d’arracher » ce bien et ces espérances qui ont germé dans le cœur des gens ?

Heureusement, ce n’est pas le cas. Car il y a une différence fondamentale entre le temps de Christ et de Son royaume, et le temps de l’Ecclésiaste. Le temps de l’Ecclésiaste est un temps révolu. C’est une période de retours constants vers ce qui était autrefois et ce qui s’est déjà passé auparavant. Son symbole est donc le cercle. Les mots célèbres du Livre de l’Ecclésiaste sonnent presque comme un oracle : “Ce qui était est ce qui sera, et ce qui est arrivé est ce qui arrivera encore : il n’y a donc rien de nouveau sous le soleil. S’il y a quelque chose à dire : “Regardez, c’est quelque chose de nouveau”, cela l’a déjà été dans les jours qui nous ont précédés” (Eccl 1 : 9-10).

D’autre part, le temps révélé et réalisé par le Christ, le temps du salut, est un temps ouvert tourné vers l’avenir. Son symbole est une flèche. C’est en ces termes qu’il faut interpréter les paroles que Jésus adressa à Nicodème lors de la conversation nocturne au début de son activité publique : « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse mais ait la vie éternelle.” (Jn 3:16). De même, nous devons comprendre les paroles du Christ se référant à sa Parousie, lorsque l’histoire du monde prendra fin, et donc la fin des temps terrestres, et que l’éternité commencera : « Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire et tous les anges avec lui , alors il s’assiéra sur son trône plein de gloire. Et toutes les nations seront rassemblées devant lui » (Mt 25 : 31-32).

C’est cela le temps du Christ, un temps ouvert. C’est aussi le temps de l’Église, exprimé de manière si poignante dans ce dialogue particulier qui nous a été communiqué dans les derniers versets du Livre clôturant le Nouveau Testament – dans l’Apocalypse de saint Jean. Car le Christ dit à son Épouse, c’est-à-dire à l’Église : « En effet, je viendrai bientôt », et l’Épouse lui répond en criant : « Amen. Viens, Seigneur Jésus !” (Ap 22, 20). Ce temps ouvert de l’Église se réalise constamment dans chaque Eucharistie célébrée sur tous les autels du monde. Elle s’exprime par l’acclamation du peuple de Dieu juste après la Transsubstantiation : « Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus-Christ, nous confessons ta résurrection et nous attendons ta venue dans la gloire !

Saint Jean de Latran, le 23 septembre 2022