J’avais le grand privilège de partager avec le Saint-Père sa dernière période de vie. J’étais avec lui tout le temps, le moment le plus difficile de la maladie et le lent décès. Aujourd’hui, avec du recul, je considère comme la chose la plus précieuse le fait d’être resté avec le Pape chez lui vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Je pense que c’était le plus beau moment de toute ma vie. L’atmosphère de chaleur familiale qui se dégageait de ce lieu et la profondeur inimaginable de la relation de Jean-Paul II avec Dieu, que je remarquais chaque jour, même dans les moments les plus douloureux et les plus difficiles, ont été pour moi une leçon de vie inestimable. Lorsque Jean-Paul II est revenu de l’hôpital pour la dernière fois, peu de temps avant sa mort, avec mon remplaçant, le deuxième ambulancier – Andrea, nous avons déménagé définitivement dans son appartement. Dès lors, nous y sommes restés 24 heures sur 24. L’ancien cabinet de dentiste, qui était adjacent à la chambre papale, a été transformé en une petite salle de garde. Nous avions là-bas tout le matériel de réanimation le plus nécessaire. Il y a aussi une petite section avec un lit pour dormir. Seule une petite et mince porte me séparait du Saint-Père. J’entendais son souffle et chaque soupir. Je pouvais répondre à chaque besoin.
Magdalena Wolińska-Riedi “Ça s’est passé au Vatican”
Édition Znak. Cracovie 2020
