Le simple fait de quitter le Vatican était un véritable défi. Tôt le matin, à l’heure connue, je m’approchais de la cour de Sixte V. Immédiatement après la Messe, célébrée dans la chapelle privée, et après le petit déjeuner, le Pape descendait par l’ascenseur directement jusqu’à la porte de la voiture et montait dedans. Et nous partions. Parfois, lorsque nous traversions la Cour Saint-Damase, le Saint-Père se courbait presque sous le siège, de peur que les gardes ne le remarquent et n’alertent tout le monde que le Pape partait sans prévenir. Souvent, surtout dans les premières années – avant que la nouvelle ne se répande que nous quittions le Vatican pour des excursions d’une journée – le père Józef Kowalczyk, le futur nonce en Pologne, alors qu’il était assis avec nous dans la voiture, dépliait le grand journal “L’Osservatore Romano” et couvrait le pape assis derrière lui. Il en était de même lorsque nous quittions la résidence d’été des papes à Castel Gandolfo. Là, je conduisait la voiture jusqu’au bâtiment dans les jardins, appelé Villa Cibo, le pape montait dans la voiture, nous partions par la porte latérale – et puis c’était calme. Avant l’excursion, nous changions les plaques d’immatriculation : nous enlevions celles avec des numéros du Vatican, et vissions les plaques italiennes pour ne pas éveiller des soupçons.
Dans la même voiture, à part moi et le Saint-Père, se trouvait aussi Don Stanislao et souvent un invité du Pape, parfois le père Bogusław Steczek, et parfois le père (plus tard évêque et cardinal) Stanisław Ryłko. Il était responsable au Vatican des questions de jeunesse, en particulier lorsque Jean-Paul II a lancé l’initiative des Journées Mondiales de la Jeunesse ; le Pape était très intéressé par cette problématique, il voulait être toujours au courant, ils avaient donc beaucoup de sujets communs.
Magdalena Wolińska-Riedi “Ça s’est passé au Vatican”
Éditions Znak. Cracovie 2020