Chez saint Philippe, à qui le Saint-Esprit a donné « un cœur de feu » à la veille de la Pentecôte 1544, on peut voir une allégorie des grandes et divines transformations opérées dans la prière. Un programme fertile et fiable de formation à la joie – enseigne notre Saint – puise force et soutien dans la configuration harmonieuse des choix opérés : prière constante, eucharistie fréquente, redécouverte et appréciation du sacrement de la réconciliation, familiarité et contact quotidien avec la Parole de Dieu, pratiquant l’amour fraternel fécond et le service, puis la dévotion à Notre-Dame qui est le modèle et la vraie cause de notre joie. Comment oublier sa sage et suggestive réprimande. « Mes fils, soyez des adorateurs de Marie : je sais de quoi je parle ! Soyez des adorateurs de Marie ».
Qualifié de « saint joyeux », saint Philippe devrait également être reconnu comme “l’apôtre de Rome” et même comme “le réformateur de la Ville éternelle”. Il l’est devenu, pour ainsi dire, par l’évolution naturelle et la maturation des choix faits sous l’inspiration de la Grâce. Il était vraiment la lumière et le sel de Rome, selon les paroles de l’Evangile (cf. Mt 5, 13-16). Il a su être « lumière » dans cette culture, certes merveilleuse, mais souvent uniquement à cause de lumières fausses et païennes. Dans un tel contexte social, Philippe est resté obéissant à la souveraineté, très fidèle à la consignation de la Vérité, intrépide dans la prédication du message chrétien. Et c’est pourquoi il était une source de lumière pour tout le monde. Il n’a pas choisi une vie solitaire, mais en poursuivant son ministère parmi le peuple, il a aussi décidé d’être le “sel” pour tous ceux qui le rencontraient. Comme Jésus, il a pu descendre dans la misère humaine qui envahissait à la fois les palais nobles et les ruelles de la Rome de la Renaissance. Il était, selon les circonstances, un Cyrénéen et une conscience, un conseiller inspiré et un maître souriant. C’est pourquoi ce n’est pas lui qui s’est adapté à Rome mais c’est Rome qui s’est adaptée à lui ! Il a vécu pendant soixante ans dans cette ville qui, pendant ce temps, s’était peuplé de saints.
Le Vatican, le 7 octobre 1994
Jean-Paul II