– Le pape a-t-il envisagé l’abdication ?
– Plus d’une fois, il y a eu de telles conversations à la table papale. Mais plutôt sous la forme d’une question de savoir s’il devait abdiquer en raison de limitations liées à l’âge et aux maladies. Le Saint-Père voulait connaître l’avis de diverses personnalités, secrétaire d’État, cardinaux et évêques. Tout le monde l’en dissuadait. Ils disaientt qu’en tant que le Saint-Père, il devait remplir la mission jusqu’au bout. Certains soulignaient que cela serait mal accueilli et mal compris. Ils ajoutaient que les fidèles, le voyant accomplir se tâches malgré la souffrance, s’impliquent davantage et que de plus en plus de personnes viennent à la Messe avec la participation du Pape.
– En janvier 2005, l’un des participants au dîner évoque la situation dramatique à la table pontificale : « Il n’y avait alors que peu de monde : Mgr Stanisław Dziwisz, Mgr Mieczysław Mokrzycki, Mgr Tadeusz Pieronek, le cardinal Andrzej Maria Deskur, le père Czesław Drążek. Le Saint-Père ne pouvait plus parler normalement. À un moment donné, il a commencé à s’étouffer. Les secrétaires ont immédiatement emmené le pape en fauteuil roulant dans une pièce voisine pour l’aider. Après un certain temps, ils sont retournés à table. Le pape, cependant, a de nouveau eu du mal à parler et à respirer. Nous nous sommes tous figés à table. Le pape a avalé quelque chose et a recommencé à s’étouffer. Il était clairement bleu et il respirait difficilement.
Mgr Mieczysław Mokrzycki a essayé d’aider le Saint-Père en frappant assez fort le cou du pape avec sa main. C’est ce que faisaient nos grands-mères et nos mères. Cela était efficace. Le père Stanisław Dziwisz, essayant d’apaiser la tension – nous étions tous terrifiés – a plaisanté : « Mietek, tu vas tomber dans une malédiction, tu ne dois pas frapper le Saint-Père ! L’amélioration a été de courte durée. Le Saint-Père suffoquait de nouveau. Les secrétaires emmenèrent à nouveau le Saint-Père dans la pièce voisine. Lorsqu’ils sont revenus au réfectoire, Jean-Paul II a fait un geste d’impuissance et a dit : « C’est la vieillesse ».
– C’était une expérience dramatique, même si je m’en souviens un peu différemment. À un moment donné, le Saint-Père s’est étranglé. J’ai vu qu’il avait cessé de respirer. J’ai regardé le père Stanislas. Il s’est figé, assis paralysé. Comme il ne répondait pas, j’ai pensé qu’il n’y avait rien à attendre.
Je me suis souvenu des paroles du Dr Buzzonetti, qui disait qu’il fallait immédiatement s’approcher du Pape et frapper le cou avec sa main. Cela a vraiment été efficace. En partant après le dîner, le Saint-Père, voulant détendre l’atmosphère, a plaisanté : « Mieciu, fais attention sur qui tu frappes !
Secrétaire de deux papes – entretien avec Mgr Mieczysław Mokrzycki. Edition Wydawnictwo Literackie