Il savait que j’étais le tailleur des gardes, mais il m’a demandé d’où je venais. Alors j’ai répondu : «Des Abruzzes, Saint-Père. Le Pape a répondu : “Eh bien, j’entends l’accent, mais d’où ?” Surpris, je dis : « De la province de Teramo ». Et lui, apparemment de plus en plus impatient, continue en plaisantant : « Je comprends, mais je demande d’où ! » Alors j’ai finalement dit : “de Giulianova”. Puis le pape dit : « Aaaa, je connais ! Je suis déjà allé deux fois au sanctuaire de San Gabriele. » Et nous avons tous les deux commencé à rire de bon cœur.
Jean-Paul II a su donner à ces courtes rencontres, ces moments d’entretiens en face à face, un caractère extrêmement personnel. Il était entièrement pour toi alors, le monde autour n’existait pas, à ce moment-là tu étais le plus important. Cela m’a fait ressentir une grande joie, voire de la fierté, mais en même temps cela m’a beaucoup intimidé. Je savais que le Pape connaissait très bien mon environnement familial, qu’il sortait secrètement du Vatican, généralement le mardi, pour venir chez nous dans les montagnes, et l’hiver il y skiait. Mais j’ai été tellement stressé par sa demande que j’ai presque oublié ce que je voulais dire.
Magdalena Wolińska-Riedi “C’est arrivé au Vatican”
Editions Znak. Cracovie 2020