C’était un symbole d’unité et de solidarité avec les Polonais

Les sœurs servaient à table. Elles ont d’abord mangé, puis se sont mises à servir les plats – dit l’archevêque Mokrzycki. – D’autres aidaient également, comme à la maison. Maman court entre la cuisine et la table de Noël et les autres l’aident. C’était aussi le cas chez nous. Il n’y avait pas douze plats. L’archevêque énumère lentement les plats qui apparaissaient un par un sur la table. Tout d’abord les entrées : poisson en gelée et macédoine de légumes. En Italie, on l’appelle salade russe, je ne sais pas pourquoi – dit l’ancien secrétaire. – Ensuite, il y avait le bortsch avec des petites ravioles, la carpe frite avec de la salade de chou. Il y avait aussi des choux farcis au gruau avec une sauce aux champignons. Et les nouilles aux graines de pavot. De plus, les sœurs faisaient une infusion de poires séchées et diverses pâtisseries. Quand je demande ce que Jean-Paul II aimait le plus dans ce menu du réveillon de Noël, l’archevêque répond : Il aimait le bortsch avec des ravioles et, bien sûr, des pâtisseries, avec une préférence pour des biscuits sablés. Il a toujours aimé le gâteau. Les sœurs le regardaient avec joie car il mangeait tout, jusqu’à la dernière miette dans son assiette. Il nettoyait son assiette avec une cuillère en ne laissant rien dessus. Ce n’est guère surprenant. Tout était délicieux et fait maison. Et – le plus important – traditionnel, polonais. La famille Turowski apportait le gâteau aux noix. Danusia Ciesielska apportait des gâteaux aux graines de pavot ou les envoyait par quelqu’un d’autre lorsqu’elle ne pouvait pas venir elle-même. Il y avait même du thé de Pologne. Le Saint-Père buvait toujours du thé au réveillon, de préférence du thé aux fruits des bois, framboises, églantine. Nous buvions aussi de l’eau et enfin du café. C’est presqu’un rituel en Italie. Parce qu’en Pologne on ne boit pas de café si tard, même pour accompagner un dessert – rit l’archevêque. Vers 18 heures, Jean-Paul II se levait de table et allait allumer une bougie à la fenêtre de la bibliothèque. Il l’a fait pour la première fois en décembre 1981, onze jours après l’introduction de la loi martiale en Pologne. C’était un signe d’unité et de solidarité avec les Polonais, pour qui Noël n’était alors ni joyeux ni paisible. La loi martiale a pris fin, le communisme s’est effondré et la coutume est restée. C’était un symbole d’unité et de solidarité avec les Polonais, auxquels le Saint-Père a toujours pensé chaleureusement, la veille de Noël encore plus chaleureusement – dit Mgr Mokrzycki. Le cardinal Dziwisz a rappelé un jour que cette bougie était un symbole des voeux de paix dans le monde, dans notre patrie et dans nos familles. Cette bougie brûlait toute la nuit, et ceux qui allaient à la messe de minuit savaient que c’était une bougie de paix. Ce signe s’est inscrit dans la tradition du réveillon papal, poursuivie par Benoît XVI. Comme beaucoup d’autres coutumes de fêtes.
Avec l’accord de Mgr Mieczysław Mokrzycki – “Une place pour tout le monde”
Maison d’édition Znak, Cracovie 2013