PAP

Une nation asservie et une bougie allumée dans le bureau du pape – 2ème partie

Se confiant entièrement à Dieu, à la Providence de Dieu, il a réussi à survivre à ces moments dramatiques. Il se demandait aussi quoi faire, comment aider la patrie opprimée. Il était évident qu’il ne pouvait pas aller en Pologne, et il a immédiatement exclu cette possibilité. Cependant, il estimait que l’amour du Pape et de l’Église pour les Polonais devait être clairement exprimé. Il a décidé d’y envoyer Mgr Luigi Pogga qui, en qualité de nonce apostolique pour des tâches spéciales, s’occupait surtout des pays d’Europe de l’Est.
Le 17 décembre, une tragique nouvelle est arrivée. A Katowice, à la mine de Wujek, les mineurs ont entamé une grève d’occupation. Les forces spéciales ZOMO sont intervenues, avec brutalité voire bestialité. Il y a eu des affrontements sanglants, neuf travailleurs ont été tués, des médecins et des infirmières urgentistes qui apportaient de l’aide ont été attaqués.
Le Pape, plongé dans la douleur, a immédiatement écrit au général Jaruzelski, appelant dans la lettre à sa conscience, demandant la fin de “l’effusion du sang polonais” et un retour aux négociations pacifiques qui caractérisaient les efforts de renouvellement de la société depuis août 1980 . (…)
C’était le réveillon de Noël. Le Saint-Père a demandé de mettre une bougie allumée à la fenêtre de son bureau, signe d’espérance. Dans la soirée, il a pu vivre de près les sentiments de son peuple en partageant le pain azyme (opłatek) avec un petit groupe de Polonais vivant à Rome et en Italie. Ce Noël et le début de la nouvelle année ont été des moments de grande tristesse pour Jean-Paul II. Ce qui l’inquiétait le plus, c’était le manque de nouvelles, l’incapacité de communiquer. Parfois, il parvenait à établir des contacts avec des représentants de l’opposition qui se trouvent hors de Pologne, par exemple avec Boghdan Cywinski, l’un des premiers conseillers de « Solidarité ». De plus, indirectement, par l’intermédiaire d’autres personnes, il a eu des contacts avec Adam Michnik qui était en prison, à qui il a envoyé un exemplaire de la Bible, et avec Lech Wałęsa.
Avec l’accord du cardinal Stanisław Dziwisz – “Témoignage”.
Maison d’édition TBA. Varsovie 2007