(…) la dernière porte, qui devait être recouverte de planches de bois, était dans la cour du Belvédère. Le préfet de la maison papale, avec le commandant de la garde suisse et le chef du gouvernorat qui était alors le marquis de Sacchetti, effectuaient encore une tournée de contrôle. Au dernier moment, à 16h55, tous les trois atteignaient la cour, et un instant plus tard, ponctuellement à 17h, ils devaient donner l’ordre de fermer la dernière entrée. Celui qui était à l’intérieur avait de la chance ; celui qui restait à l’extérieur n’avait aucune chance d’entrer.
En 1978, le cardinal polonais, Karol Wojtyła, était en retard. En fait, sa voiture est tombée en panne à quelques pas du Vatican. Le moteur a calé sur Borgo Pio, et le cardinal a dû terminer son voyage à pied. Devant la porte Sainte-Anne et plus loin jusqu’à la cour du Belvédère, pour entrer dans le palais et participer au conclave. D’un pas rapide, haletant, il atteignit la porte au dernier moment. Nous étions là avec le préfet et les autres, installant des planches de bois dans la porte. Nous devions fermer trois minutes plus tard.
Wojtyła l’a vu et il a dit, avec un sourire et une étincelle dans les yeux: « Eh bien, comment ça, vous ne laisserez pas entrer le futur pape ? »
La légère surprise de ces propos se mêla aux rires du préfet et du commandant, et moi-même je pensais avec incrédulité : que dit-il ?
Dès l’entrée du cardinal Wojtyła, le préfet de la Maison pontificale a dit une dernière fois avec fermeté : « C’est vraiment le moment. Nous fermons”. Et le conclave commença. Le deuxième cette année-là. Il était exactement cinq heures le 14 octobre 1978.
Magdalena Wolińska-Riedi “C’est arrivé au Vatican”
Editions Znak. Cracovie 2020