Il a esquissé une nouvelle vision de l’Église

Le discours significatif de Jean-Paul II me revient à l’esprit, mais malheureusement il n’a jamais été suffisamment remarqué par l’opinion publique. Il s’agit d’un discours prononcé en octobre 1988 au Parlement Européen à Strasbourg. C’est alors que le pape a finalement coupé toutes les tentatives de retour à l’ancien intégrisme religieux. Il a également admis que les chrétiens aussi ont trop souvent franchi la frontière entre ce qui est de Dieu et ce qui est terrestre.

Il convient de mentionner un passage en particulier, car il permettra de mieux comprendre le concept de laïcité de Karol Wojtyła, et donc la distinction nécessaire entre le temporel et le spirituel : « Notre culture européenne regorge d’exemples de franchissement de la frontière des deux côtés de la frontière entre l’humain et le divin. Le christianisme latin médiéval – pour ne citer que lui – reprenait théoriquement la grande tradition d’Aristote, et s’il développait une conception naturelle de l’État, il n’a pas toujours su en pratique résister à la tentation intégraliste d’exclure de la communauté temporelle ceux qui ne professaient pas la vraie foi. L’intégrisme religieux – pratiqué à ce jour dans d’autres parties du monde – ne fait pas de distinction entre les sphères de la foi et la sphère laïque, il semble incompatible avec le génie de l’Europe mis en forme par le message chrétien. »

De cette manière, on peut aussi mieux comprendre la manière dont le Pape, en rejetant l’ancien modèle d’Église caractérisé par une nature intransigeante, en a esquissé une nouvelle vision, une vision d’une Église capable d’affronter et d’accepter les défis de la société contemporaine et pluraliste.

Avec l’accord du cardinal Stanisław Dziwisz – “Témoignage”.

Maison d’édition TBA. Varsovie 2007