Ils n’ont pas compris ou n’ont pas voulu comprendre son message

Six mois seulement se sont écoulés depuis la chute du Mur de Berlin, lorsque le pape au Mexique, dans un discours aux entrepreneurs, a commenté les changements qui s’étaient produits en Europe Centrale et Orientale. Il a dit que l’effondrement du socialisme réel ne signifie pas la victoire du système capitaliste. Il y a encore de la pauvreté dans le monde et d’énormes disparités dans la répartition des ressources naturelles. Cela est dû à un libéralisme sans règle qui ne prend pas en compte le bien commun, en particulier dans les pays du Tiers-Monde.

Face à une situation pas encore tout à fait stable, c’était une analyse audacieuse, mais elle ne laissait aucun doute. Pourtant, en Occident, certains commentateurs ont trouvé le discours du pape « scandaleux ». Il y a même eu des tentatives d’attribuer à Jean-Paul II la « nostalgie » du communisme.

Ils ne comprenaient pas ou ne voulaient pas comprendre son message. Le Saint-Père a vu l’histoire d’un point de vue théologique et moral, et non d’un point de vue politique ou économique. Ainsi, de sa propre observation, il a pu tirer la conclusion qu’après la chute du marxisme, il n’était pas possible d’introduire un nouvel ordre social sur la seule base d’un système qui traite l’homme comme un objet, le limitant au rôle d’un élément d’une machine de production.

La tâche principale était de ramener l’ouvrier à sa subjectivité. Ce n’est qu’alors seulement que l’on envisager l’orientation d’un développement économique fondé sur la solidarité et l’engagement mutuel. Tant que les salariés ne participent pas aux décisions et ne partagent pas les bénéfices de l’entreprise, il n’est pas possible d’atteindre une véritable paix sociale ou un réel développement du pays.

Il est vrai, cependant, que si pendant les dix premières années de son pontificat, Jean-Paul II était considéré comme un anticommuniste déclaré, il était maintenant présenté comme un opposant au capitalisme, voire un sympathisant du communisme. Cela pourrait expliquer les raisons pour lesquelles son enseignement social, et plus généralement son humanisme, a été si longtemps  mal et de manière démagogique interprété.

 

Avec le consentement du cardinal Stanisław Dziwisz – “Témoignage”.

Maison d’édition TBA. Varsovie 2007