Tout au long de l’Avent, le Saint-Père mangeait moins que d’habitude. Il ne mangeait plus de charcuterie pour le petit déjeuner. Mgr. Mokrzycki mentionne que ce jeûne papal de l’Avent était pour lui une surprise. Après tout, il était vieux et malade – dit-il. Rien ne le contraignait à le faire. Les autres ne le faisaient pas. Et pourtant, il voulait montrer de façon symbolique combien Dieu comptait beaucoup pour lui. Et aussi à quel point il attend son Fils. C’était quelque chose de touchant. «La foi sans les actes est morte» – disait le Pape en citant saint Jacques. Ce jeûne devait certainement être l’un de ces actes qui animent la foi. Il a dit à propos de l’Avent que c’était “un appel à raviver l’espoir”. « La vie perdrait son sens s’il n’y avait pas l’Avent » – a-t-il soutenu. « C’est-à-dire l’attente de quelqu’un qui nous fasse le don de lui-même” – expliquait-il. Cette attente d’une personne importante était, parait-il, bien ressentie dans les appartements papaux. Mgr. Morzycki ne peut pas le nommer, mais il se souvient des moments où Jean-Paul II recevait des audiences dans la bibliothèque, quand une couronne de l’Avent était apparue, l’atmosphère est devenue plus festive. C’était une sorte de premier symbole de Noël, racontait-il. C’était souvent un cadeau en provenance de l’Allemagne. Chez nous, cette tradition n’est pas si vivante. C’est une coutume plus protestante que catholique. Je me souviens que le cardinal Ratzinger disait que c’était allemand. Quelques brindilles de sapin, des rubans, quelques petites boules parfois. Et quatre bougies. Chacune pour un dimanche de l’Avent. La couronne de l’Avent a été témoin des audiences publiques avant Noël. Parmi elles, aussi celle-ci dont Mgr Mokrzycki se souvient particulièrement bien. Quand il y avait le sapin de Noël dans la bibliothèque, il paraît que les invités les plus audacieux ne pouvaient pas résister à la tentation de prendre une boule de Noël comme souvenir. Ils demandaient toujours le consentement du Saint-Père – rappelle l’archevêque. – Et il acceptait à chaque fois. Il était très généreux – dit-il en riant. – Je me souviens une fois d’un groupe de peut-être trente personnes, je ne sais plus d’où, mais d’ailleurs que la Pologne. Ils nous ont littéralement dépouillé cet arbre de Noël. La première personne ayant enhardi les autres. C’est ainsi que chacun prenait une boule papale en souvenir. Je me souviens que Tobiana (la sœur la plus intime de Jean-Paul II, qui était avec lui depuis le début de son service épiscopal à Cracovie) était furieuse parce que les sœurs devaient décorer le sapin encore et encore. Nous avons tous beaucoup ri. Le Saint-Père riait aussi. Heureusement, ils avaient du stock. Le Saint-Père recevait beaucoup de boules pour Noël. Des quatre coins du monde monde. En ce qui concerne les boules et le sapin de Noël, ce sera pour plus tard.
Avec le consentement de Mgr Mieczysław Mokrzycki – “Un endroit pour tous”
Maison d’édition Znak, Cracovie 2013