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Le Saint-Père fut terriblement touché

Le pape n’a pas toujours (…) tous les éléments en main pour pouvoir juger exactement une personne ou une situation. On pense tout de suite au cas de Mgr Oscar Arnulfo Romero, archevêque de San Salvador. Pendant des mois, des rumeurs diffamatoires étaient arrivées sur lui au Vatican. On le présentait comme un communiste, sinon un subversif, on déformait la réalité de ce qu’il faisait, son engagement social en faveur des pauvres, ses dénonciations courageuses contre le régime, contre les escadrons de la mort et les auteurs de délits épouvantables. Et, derrière ces rumeurs, il y avait presque tous les évêques salvadoriens, et le nonce également.

Quand il alla, en audience, voir le nouveau pape, le 17 mai 1979, Mgr Romero apporta avec lui un mémorandum avec tous les arguments pour sa défense et demanda à Jean-Paul II de discuter de la situation sur la base de ce document. Evidemment, il ne se fiait pas aux informations qui étaient arrivées au Vatican.

Le Pape comprit très bien, au-delà de la documentation reçue, comment se passaient réellement les choses. Il conseilla à l’archevêque la prudence et lui recommanda de s’engager à renforcer l’unité au sein de l’épiscopat. Mais il le soutint dans son audace évangélique et dans ses critiques du régime salvadorien. En somme, non seulement il eut une impression substantiellement favorable, mais il l’aide en faisant connaître ses considérations à l’intérieur de la curie.

L’année suivante, quand Mgr Romero fut assassiné de façon barbare sur l’autel où il célébrait la messe, le Saint-Père fut terriblement touché.  Pour montrer combien il l’estimait, il alla prier sur sa tombe pendant sa visite au Salvador (malgré les pressions des membres du conseil épiscopal latino-américain). Il voulut ensuite que, dans la célébration jubilaire au Colisée en l’honneur des martyrs, le nom de Mgr Romero fût inséré dans la prière pour les chrétiens qui avaient donné leur vie par amour du Christ et de leurs frères en Amérique latine.

Avec l’accord du cardinal Stanisław Dziwisz « J’ai vécu avec un saint »

Edition – Wydawnictwo Św. Stanisława – Cracovie 2013