Le majestueux bourdon Sigisment sonna à Wawel

Il connaissait très bien le latin et l’écriture du texte ne lui posait pas de problème. Il s’agissait d’un discours de programme avec les grandes orientations du pontificat et les tâches que Dieu lui avait confiées. Parmi les grandes lignes se trouvaient : la mise en œuvre des conclusions du Concile, l’ouverture sur le monde, la situation actuelle de l’Église et l’œcuménisme. Après le souper, je suis retourné au Collège Polonais. Aucun de nous n’a pu s’endormir. Avec d’autres prêtres, nous avons passé la nuit à commenter le grand événement. Nous avons tenté de savoir par la radio quelles étaient les réactions à Cracovie et dans d’autres villes polonaises. Nous avons entendu parler d’une grande joie et d’une grande émotion, de prières, de veillées et de messes dans les églises, de sonneries de cloches. A Wawel, le majestueux bourdon Sigismont a sonné, ce qui se produisait dans des situations tout à fait exceptionnelles. Cependant, certains n’avaient aucune raison d’être heureux, ils ont été littéralement choqués par la nouvelle de l’élection du métropolite de Cracovie. La nouvelle a été rendue publique tardivement en Pologne, car au Comité Central du parti, ils ne savaient pas comment la publier, comment éviter une avalanche de conséquences. Non seulement en Pologne, mais dans tout le bloc communiste, en particulier au Kremlin, le choc a été énorme. Il y eut un silence absolu pendant dix jours dans l’empire soviétique. Pas de réaction, aucun commentaire. L’histoire a pris une vengeance incroyable sur ceux qui étaient convaincus qu’ils pouvaient effacer Dieu de la vie des hommes. Lorsque le cardinal Wojtyła partait pour le conclave, les autorités communistes lui ont pris son passeport diplomatique, lui délivrant à la place un passeport touristique ordinaire. Un membre du parti de province a dit: «Laissez-le partir, nous lui règlerons son compte à son  retour». Je me demande ce que le fonctionnaire zélé a pensé en voyant le cardinal en robe blanche.

Avec le consentement du cardinal Stanisław Dziwisz – “Témoignage”, éditions TBA ; Varsovie 2007