Encore aujourd’hui il y a des critiques qui définissent Karol Wojtyła comme un pape „politique”. Mais si c’était ainsi, si sa lecture de l’histoire et du monde avait été principalement politique et idéologique, comment aurait-il eu l’intuition, tout de suite après la chute du Mur de Berlin, que la fin du communisme ne signifiait absolument pas une victoire des « autres », du capitalisme, et à plus forte raison, la disparition des immenses zones de pauvreté, et la fin des inégalités dans la distribution des richesses.
Jean-Paul II dit expressément tout cela au Mexique, en mai 1990, en rencontrant un groupe d’entrepreneurs. Beaucoup, en Occident, restèrent choqués, sinon scandalisés par ce discours. Ainsi, lorsque Karol Wojtyła était souvent dépeint comme un anticommuniste primaire, après ce discours il fut accusé d’antiaméricanisme et d’anticapitalisme. On n’arrivait pas à comprendre qu’il regardait les événements à partir d’un autre point de vue, d’un point de vue théologique et moral. Oui, certainement, le pape était convaincu que le christianisme représentait une force de libération des hommes et des peuples. Mais il s’agissait d’une libération qui, tout en ayant évidemment des implications sociales, mais aussi politiques, partait d’une inspiration spirituelle et évangélique. Voilà pourquoi je continue à répéter que le pontificat de Jean-Paul II doit être considéré dans sa globalité, dans sa totalité. Cela permettra finalement de comprendre comment, dans les premières années du pontificat, l’action du nouveau pape venu de l’Est ne s’est pas concentrée exclusivement sur la lutte contre le communisme athée. Dès le début, il affrontait les grands défis qui émergeaient d’un monde bipolaire, plongé à ce moment-là dans la guerre froide et divisé entre deux sphères d’influence opposées. Il a affronté aussi les défis dramatiques qui avaient engendré des graves problèmes non résolus, touchant à la justice et à la paix.
Avec l’accord du cardinal Stanisław Dziwisz « J’ai vécu avec un saint »
Edition – Wydawnictwo Św. Stanisława – Cracovie 2013