Il était fidèle à la Tradition, cela oui, naturellement, mais en même temps, il était ouvert au dialogue avec les nouveaux courants théologiques et à une confrontation constructive – comme il le confirma dans l’encyclique Fides et ratio – entre la foi et la raison. Cependant, il ne recula pas devant les défis qui venaient de la société postmoderne, complexe et pluraliste, mais il chercha, au contraire, à en corriger de l’intérieur les limites et les forclusions. D’autre part, signe crédible d’ouverture, il employa un langage nouveau et, comme il le fit en octobre 1989, en parlant au Parlement européen à Strasbourg, il ferma pour toujours la porte à tout retour possible de la « tentation intégriste ».
Cependant, si pour sauver la pureté de la foi ou définir des questions déterminées, liées à la Tradition et à la discipline de l’Eglise, il devait prendre quelques décisions qui parfois étaient accueillies négativement – comme dans le cas de Hans Küng -, il le faisait toujours en accord avec la Congrégation pour la doctrine de la foi et avec l’épiscopat directement intéressé.
– Et pourtant, encore aujourd’hui on parle d’un pontificat caractérisé par une forte rigidité doctrinale. On parle de restauration…
– Rigidité ? Restauration ? Je pense vraiment que non !
Même s’il y eut des rappels à l’ordre, même s’il y eut des fermetures et finalement des condamnations – et il y en eut – il faudrait contextualiser convenablement ces interventions au moment où elles furent prises. Il faudrait aussi les comparer avec les tournants nombreux que ce pontificat a accomplis et qui, ensuite, n’ont pas toujours été suivis dans divers milieux ecclésiastiques. On pense, par exemple, à la nouvelle Eglise que Jean-Paul II commença à modeler, à « vivre », pourrait-on dire, lui le premier dans son ministère.
De fait, ce fut Wojtyła qui donna un premier coup décisif à ce que lui-même avait un temps critiqué comme l’« antique unilatéralité cléricale ». Ce fut lui qui promit et guida le passage d’une Eglise encore purement hiérarchique, institutionnelle et cléricale à une Eglise où les aspects charismatiques, communautaires et laïques trouveraient un plus grand espace. En somme, une Eglise où tous les baptisés – le peuple de Dieu tout entier – seraient reconnus, réellement et concrètement avec une égale dignité.
Avec l’accord du cardinal Stanisław Dziwisz « J’ai vécu avec un saint »
Edition – Wydawnictwo Św. Stanisława – Cracovie 2013