C’était la méthode du pouvoir communiste de l’époque

Le Saint-Père connaissait bien le travail manuel – dans sa jeunesse il avait travaillé dans une carrière. C’est pourquoi les images des ouvriers polonais que l’on voyait se confesser dans les rues, avant de communier, ainsi que l’icône de la Madone Noire sur les grilles des chantiers navals, l’ont profondément frappé. Ce qui le frappait le plus c’était la dimension éthique de cette protestation populaire. Une protestation qui aspirait avant tout à la dignité de l’homme, à sa liberté et à une conscience du travail qui, sous le signe d’une nouvelle solidarité, dépassait les vieux schémas de la « question sociale » et de la confrontation entre le capital et le travail, les notions abordées dans l’encyclique Laborem exercens.

Après seize jours de grève, l’accord social est signé le 30 août 1980, d’abord à Szczecin, puis à Gdańsk, entre les ouvriers et le gouvernement. Les dirigeants polonais avait reçu l’ordre de Moscou de signer afin de mettre fin à cette agitation sociale, par crainte de la voir se répandre dans d’autres pays communistes. En effet, à peine vingt-quatre heurs après la signature, le Kremlin commence à étudier la meilleure stratégie pour bloquer une éventuelle contagion.

Au fil des jours la situation devenait de plus en plus dramatique, avec un réel risque d’invasion de la Pologne. C’est alors que le Saint-Père se décide à ce geste courageux et sans précédent :  le 16 décembre, ce même décembre, il écrit une lettre au dirigeant soviétique, Leonid Brejnev. « Une nation qui a tant souffert lors de la dernière guerre mondiale et qui a versé tant de sang, a droit à l’autodétermination et à la liberté. » Le pape faisait clairement référence à l’agression de Hitler en 1939. Mais implicitement il voulait aussi rappeler l’invasion de l’Armée Rouge pendant cette même période.

Cependant, Jean-Paul II n’a jamais reçu aucune réponse. C’était la méthode du pouvoir communiste de l’époque.

Avec le consentement du cardinal Dziwisz ; « J’ai vécu avec un saint » ; éditions Saint Stanislas BM, Cracovie 2013