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Karol Wojtyła avait toujours cru que ce jour arriverait

Pour célébrer la fête de la liberté, une liberté collective pour toutes les nations d’Europe centrale et orientale, Jean-Paul II décida de se rendre à Prague, en Tchécoslovaquie. Pour accueillir le premier pape slave, le président Vaclav Havel qui, six mois auparavant était encore en prison, ne put faire autrement que de commenter : « c’est un miracle ! » Ce le fut, certainement.

Il y eut ensuite des moments difficiles pour Karol Wojtyła, des moments de découragement et d’amertume. Cette Europe, envahie par le consumérisme, oubliant ses racines chrétiennes n’était pas celle dont il avait rêvé et dont il avait, d’une certaine manière, dessiné les contours dans l’encyclique Centesimus annus. Cette Europe où seulement cinquante ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale avait retenti le grondement terrible des canons, ce n’était pas l’Europe pour laquelle, lui, Jean-Paul II, presque toujours dans la solitude, avait vaillamment combattu. Toutefois, grâce au pape polonais, « l’incroyable 1989 » représenta un point de non-retour, un tournant pour les peuples de l’Europe mais aussi pour la famille humaine tout entière. C’était une victoire de la liberté. Une victoire de la vérité.

Et lui, Karol Wojtyła, avait toujours cru fortement qu’un tel jour arriverait. On m’a raconté qu’un jour, plusieurs années avant la chute du Mur, s’était tenue une réunion avec le Saint-Père. Il y avait le cardinal Casaroli, secrétaire d’État, Mgr Martinez Somalo, alors substitut et d’autres prélats. Ils avaient commencé à parler de la réalité géopolitique, celle du monde mais aussi celle que connaissait l’Europe et quelqu’un avait observé que le communisme semblait être désormais enraciné dans les consciences. Le Saint-Père les avait tous laissés intervenir, mais ensuite, sans les contredire, avait conclu : « J’ai une autre vision », et il avait dessiné des perspectives que tous, à ce moment-là, considéraient comme impossibles, sinon à accepter, du moins à imaginer. Plus tard seulement, beaucoup plus tard, ils comprirent combien le pape avait su lire l’avenir de l’Église et du monde.

Avec l’accord du cardinal Stanisław Dziwisz « J’ai vécu avec un saint »

Edition – Wydawnictwo Św. Stanisława – Cracovie 2013