Le Saint-Père se souvenait toujours de la Russie. Il désirait beaucoup y aller. Il n’a pas pu réaliser ce rêve. Il avait construit un pont avec Mikhaîl Gorbatchev, il a rencontré Boris Eltsine, il reçu deux fois Vladimir Poutine en audience privée. « La Saint-Père essayait de se rapprocher de ce pays, de ce système, afin de montrer aux Russes qu’il se souvenait d’eux, qu’il les portait dans son cœur, mais aussi pour réclamer la liberté et les droits de l’homme. Je sais que tous ces sujets difficiles et délicats ont été abordés au cours des audiences. Jean-Paul II avait l’habitude de dire ce qu’il avait sur le cœur. Il le disait de façon à ne jamais provoquer ni colère ni ressentiment, mais il y avait toujours de la place pour la réflexion. »
– Vos souvenez-vous de ces rencontres avec Poutine ?
– Oui, j’y étais présent. Du moins autant que je le pouvais. Poutine était très ouvert et il disait sans détour qu’il invitait le Saint-Père en Russie. Mais aussi qu’il se rendait compte que le moment favorable pour la visite du Pape n’était pas encore venu.
– Mais il l’a invité ?
– Oui. Il a dit : « Moi j’aurais voulu inviter le Saint-Père, mais la situation n’est pas encore favorable, le terrain n’est pas encore prêt, l’orthodoxie n’est pas encore mûre pour cela». C’était en l’an 2000.Vladimir Poutine est revenu voir le Pape en 2003 et il a répété la même chose ?
– Oui, la même chose. Je me souviens que le Saint-Père tenait beaucoup à transmettre à l’Église orthodoxe l’icône miraculeuse de Notre-Dame de Kazan. Lors de cette dernière audience, l’icône avait été descendue à la bibliothèque privée. Le Saint-Père l’a présentée et Poutine a demandé s’il pouvait l’embrasser. Le Saint-Père le lui a évidemment accordé, Poutine s’est approché de l’icône, a fait le signe de la croix selon le rite orthodoxe et a baisé l’icône de la Mère de Dieu, en la vénérant. Le Saint-Père regrettait beaucoup de ne pas pouvoir emmener personnellement en Russie cette icône historique et symbolique. Finalement, il l’a transmise à l’Église orthodoxe par des envoyés du Vatican, en août 2004.
– Les rencontres avec Vladimir Poutine se sont donc terminées par une invitation à Moscou ?
– Oui, il y a eu des invitations, mais avec la réserve qu’une visite était impossible à ce moment-là.
Avec l’accord de Mgr Mieczysław Mokrzycki – « Le mardi était son jour préféré »
Edition M, Cracovie 2008