Les cœurs de tous ont commencé à battre fort

Il y a un souvenir de Karol Wojtyła qui m’est resté dans l’esprit d’une manière spéciale.La première visite en Pologne en tant que pape en juin 1979, notamment la rencontre avec des étudiants. Ce matin-là Varsovie, avec la Vistule en arrière-plan, éclairée par les premiers rayons du soleil qui perçaient difficilement les nuages, était charmante. Dès que le Pape a commencé à parler, les coeurs de tout le monde ont commencé à battre fort. Et à la fin, comme sur un ordre, des milliers de jeunes ont élevé en un instant des petites croix de bois vers le Saint-Père. A l’époque je n’ai lu que la signification politique de ce geste. J’ai compris qu’une génération de jeunes Polonais était devenue résistante au communisme et qu’un tremblement de terre allait bientôt se produire dans ce pays. Mais dans cette mer de croix gisait le germe de quelque chose de bien plus puissant que la révolution populaire. C’est le “secret” que je n’avais pas complètement réalisé à l’époque, et dont ai trouvé une explication vingt-six ans plus tard, dans d’innombrables foules se dirigeant vers Jean-Paul II pour lui dire au revoir pour la dernière fois. Je pense que c’était le signe d’une dimension profonde et visible de son enseignement. Karol Wojtyła a montré le visage de Dieu, le visage humain de Dieu et de l’Incarnation. Il est devenu le réalisateur et l’instrument de la paternité de Dieu. Il a réduit la distance entre le ciel et la terre, entre l’espace divin et l’espace humain, jetant les bases d’une nouvelle spiritualité, d’une nouvelle façon de vivre la foi par les contemporains.

Avec le consentement du cardinal Stanisław Dziwisz – “Témoignage” ; maison d’édition TBA. Varsovie 2007