Le centième anniversaire de la naissance de saint Jean-Paul II, fondateur de la Fondation Jean-Paul II, a étécélébré très solennellement par la Fondation. Les célébrations ont commencé par la messe en la basilique Saint -Pierre au Vatican, sous la direction du pape François qui, dans son homélie, a parlé du Saint:
“Saint Jean-Paul II était un ‘homme de Dieu parce qu’il priait beaucoup. Mais comment est-il possible que quelqu’un qui a tant de travail, qui gère l’Église … ait autant de temps pour prier? Il savait parfaitement que la première tâche de l’évêque était de prier (…) et il l’a fait – a souligné le Saint-Père. – Il est un exemple d’évêque qui prie et qui considère cela comme son principal devoir. Il nous a appris que lorsque l’évêque fait un examen de conscience le soir, il doit se demander: combien d’heures ai-je passé en prière aujourd’hui? Jean-Paul II était un homme de prière. (…) C’était un homme qui voulait la justice, la justice sociale pour se détourner des chemins de la guerre. Voilà pourquoi saint Jean-Paul II était un homme de miséricorde, parce que justice et miséricorde vont de pair, ils ne peuvent pas être séparés: la justice est justice et la miséricorde est miséricorde, mais ils sont inséparables – a souligné le Saint-Père.
– En parlant d’un homme juste et miséricordieux, pensons aux efforts de saint Jean-Paul II de faire comprendre aux gens ce qu’est la miséricorde de Dieu. (…) Il sentait que la justice de Dieu avait un visage de miséricorde. Et c’est le cadeau qu’il nous a laissé: justice-miséricorde et miséricorde-justice”.
La deuxième partie des célébrations a eu lieu à la Maison Polonaise, Via Cassia 1200. Une messe solennelle a également été célébrée ici, sous la présidence du cardinal Stanisław Ryłko, président du Conseil d’administration de la Fondation Jean-Paul II, en concélébration avec le père Sławomir Nasiorowski, le père Mieczysław Niepsuj, le père Krzysztof Wieliczko, le père Andrzej Dobrzyński et le directeur de la Maison, le père Łukasz Kotarba.
Les célébrations du Jubilé ont eu lieu dans tous les Cercles de notre Fondation à travers l’Australie, l’Asie, l’Europe et les deux Amériques. Ci-dessous, nous présentons le texte intégral de l’homélie du cardinal Stanislaw Ryłko :
Le 100e anniversaire de la naissance de saint Jean-Paul II – le jour où surtout nous, les Polonais, ses compatriotes qu’il aimait tant, nous remercions Dieu pour le don que ce grand Pape de la famille des Polonais, était et continue de l’être pour l’Église, pour le monde, pour notre patrie, ainsi que pour chacun d’entre nous… Nous sommes “la génération de Jean-Paul II”! Nous sommes tous ses débiteurs! … Ce n’est pas ainsi que nous imaginions ce jour de son Centenaire! … Il y avait de nombreux projets pour célébrer dignement notre grand compatriote: il devait y avoir un pèlerinage national des Polonais avec une Messe en la basilique Saint-Pierre, présidée par le Saint-Père François … Plus tôt en avril, un congrès des membres de Cercles des Amis de la Fondation Jean-Paul II, dispersés dans le monde, devait se tenir à Rome … Eucharisties solennelles, concerts occasionnels, nombreuses commémorations …
Malheureusement, la pandémie qui a envahi le monde, a détruit tous nos plans ambitieux … Le monde entier est paralysé de peur, figé … Les voies de la Providence de Dieu sont inpénétrables! … Nous ne les comprenons pas pleinement, mais nous les acceptons dans l’humilité et dans l’esprit de s’abandonner au Christ et à sa Mère – tout comme le Saint Pape Jean-Paul II nous a appris. Donc, au lieu de la place Saint-Pierre, nous nous réunissons aujourd’hui à l’Eucharistie dans la chapelle de la Maison Polonaise, dans laquelle Jean-Paul II est présent de manière particulière, à travers tant de souvenirs qui nous le rappellent et qui nous en disent tellement sur lui; au lieu des nombreuses foules de pèlerins de notre patrie, nous sommes un petit groupe de personnes associées à la Fondation Jean-Paul II … Nous sommes peu nombreux aujourd’hui, mais nous apportons à cette Eucharistie les prières et l’amour pour la personne de Jean-Paul II, des membres des Sociétés des Amis de la Fondation Jean-Paul II, dispersés à travers le monde. Nous apportons les fruits spirituels de la pérégrination du Triptyque qui, après la fin de l’épidémie, continuera à voyager à travers l’Europe, l’Amérique et l’Asie (Indonésie, Singapour …) rassemblant tant de personnes de bonne volonté autour de Jean-Paul II …
Préparons-nous donc spirituellement à notre action de grâce à l’aide de l’hymne Te Deum pour la personne et l’œuvre de saint Jean-Paul II, par un acte de regret et de repentance pour nos péchés et nos infidélités …
Ayez pitié de nous, Seigneur! – Parce que nous avons péché contre Toi!
Seigneur, montre-nous ta miséricorde! Et donne-nous Ton salut!
Saint Jean-Paul II: un grand témoin de foi et d’espérance …
1.Le Centenaire de la naissance de saint Jean-Paul II … Nous avons entendu tant de conférences et de sermons dédiés à sa personne; nous avons lu tant de ses biographies, tant de livres et d’articles sur son enseignement; nous avons vu tant de films qui nous l’ont montré … Et nous ressentons encore une faim spirituelle et le sentiment que nous le connaissons trop peu … Malgré le passage des années, la figure de Jean-Paul II ne cesse de fasciner les gens et invite à se poser des questions: qui était exactement ce géant de l’esprit qui a-t-il tant fait pour l’Église de notre temps, pour le monde et pour notre patrie? Ces questions reviennent avec une force particulière lors de la célébration du Centenaire de sa naissance …
Le centième anniversaire de Karol Wojtyła transfère spontanément nos pensées dans sa ville natale de Wadowice, où – comme il l’a dit – tout a commencé: la vie a commencé, l’école a commencé, le théâtre a commencé, de grandes amitiés qui ont duré toute la vie du futur Pape ont commencé . La vocation a également commencé … Le Seigneur a conduit Karol Wojtyła dès le début sur une route difficile et exigeante. À l’âge de 9 ans, il a perdu sa mère … Puis son frère aîné Edmund décède – un jeune médecin extrêmement talentueux (26 ans) – d’une maladie infectieuse à l’hôpital de Bielsko Biała. Pendant la guerre, à Cracovie, en 1941, son père bien-aimé décède. A 21 ans, Karol reste seul au monde … Etudes de lettres, puis choix de la vocation sacerdotale, séminaire secret aux côtés de l’archevêque Sapieha, ordination en 1946, études à Rome et retour au diocèse: paroisse de Niegowić, travail scientifique et aumônerie pour étudiants à la paroisse de Saint Florian à Cracovie. En 1958, il a été nommé évêque auxiliaire (il n’avait que 38 ans!). En 1964, il est devenu archevêque de Cracovie à l’âge de 44 ans. Il participe à toutes les sessions du Concile Vatican II de manière très active (Constitution Gaudium et spes!)
Lors du conclave du 16 octobre 1978, il est élu successeur de Saint Pierre et prend le nom de Jean-Paul II – Pape d’un pays lointain, premier Pape slave! … Et puis 27 ans de son pontificat (l’un des plus longs pontificats de l’histoire de la papauté!), qui a marqué profondément la vie de l’Église, du monde et de la Pologne … Alors en grand abregé, c’est la vie extrêmement riche de Saint Jean-Paul II … Le 2 avril 2005, il est retourné à la Maison du Père, ce qui nous a tous remplis de douleur. Et puis la joie de la béatification en 2011 (Benoît XVI) et de la canonisation en 2014 (François). Et le 7 mai dernier, l’archevêque Marek Jędraszewski a solennellement inauguré à Wadowice le processus de béatification des deux parents de Jean-Paul II: Emilia née Kaczorowski et Karol Wojtyła sénior …
- Examinons maintenant de plus près ce personnage extrêmement fascinant. Saint Jean-Paul II est avant tout un homme d’une foi inébranlable. Homo Dei – l’homme de Dieu! Un homme de grande prière et de contemplation, tout immergé en Dieu. Quand il priait, alors qu’il célébrait la Messe, il entrait complètement dans une autre dimension de Dieu. Et ça s’est senti! Beaucoup de gens se sont convertis quand ils l’ont vu plongé dans la prière …
Jean-Paul II est aussi un homme de grande action, un infatigable pèlerin de l’Évangile qui a voyagé à travers tous les continents. «Ouvrez la porte au Christ! N’ayez pas peur! Le Christ sait ce qu’il y a dans l’homme … »C’était le programme de base de son pontificat … Il ne s’est pas ménagé! Il était tout pour Dieu et tout pour les gens … Il a fait 104 voyages apostoliques dans 138 pays à travers le monde … Il a prononcé environ 3000 discours … Plusieurs millions de personnes ont eu l’occasion de le rencontrer personnellement et d’entendre ses paroles prononcées dans leur propre langue. Il est l’auteur de 14 encycliques et de 14 exhortations post-synodales. Il a convoqué 15 synodes d’évêques.
Jean-Paul II était un bon Samaritain qui se penchait avec amour sur les blessures de l’humanité moderne. Il est devenu la voix de ceux qui n’avaient pas de voix. Il a plaidé pour les droits à la dignité et à la liberté de ceux qui ont été privés de ces droits. C’est grâce à lui que l’Europe a commencé à respirer des deux poumons – en Occident et en Orient … Jean-Paul II était un véritable prophète de notre temps: il a courageusement exigé le respect des droits humains fondamentaux, mais aussi – et surtout – des droits divins dans le monde. Comme tous les prophètes, il n’était pas commode pour de nombreux milieux car il n’avait pas peur de prêcher la vérité. C’est pourquoi au cours de la mémorable année 1981, une balle l’a atteint sur la place Saint-Pierre.
Jean-Paul II a été le Pape qui a introduit l’Église au troisième millénaire de l’ère chrétienne … Pape marqué par la croix de la souffrance et de la vieillesse, dont il n’avait pas honte et qu’il ne cachait pas, les éprouvant avec dignité devant le monde entier, fidèle à sa mission jusqu’à la fin. Il a dit: “On ne descend pas la croix…”
Et enfin, Jean-Paul II était un grand apôtre de la miséricorde de Dieu. Proclamer Dieu riche en miséricorde au monde a été la ligne directrice de tout son pontificat. Et ce n’est pas par hasard qu’il est retourné à la maison du Père à la veille de la célébration de la Divine Miséricorde en 2005.
En 2002, dans le sanctuaire de Jésus miséricordieux et de la sœur Faustine à Łagiewniki, il a confié le monde à la Miséricorde de Dieu, et les paroles de cet acte prennent aujourd’hui une signification particulière dans le contexte de la pandémie qui fait rage dans le monde . Elles nous apprennent qu’en période de grandes épreuves, la miséricorde de Dieu est la seule et dernière source d’espérance pour l’homme! … Cependant, une question se pose: N’avons-nous pas oublié cet enseignement de saint Jean-Paul II, en nous appuyant entièrement sur des experts en médecine et en politique? …
- En tant que Polonais – compatriotes de saint Jean-Paul II – aujourd’hui, nous devons nous sentir particulièrement responsables de ce grand héritage spirituel que Jean-Paul II nous a laissé. Il avait un grand amour pour ses compatriotes et il a donc fixé de grandes attentes pour nous … Il attendait beaucoup de ses compatriotes – il attend toujours en nous regardant du ciel! …
Jean-Paul II nous apprenait patiemment que l’homme n’est pas capable de se comprendre lui-même sans le Christ, que l’homme ne peut atteindre la plénitude de la vie qu’en Christ . Il a écrit dans sa première encyclique “Redemptor hominis”: “Un homme qui veut se comprendre jusqu’au bout – non selon des critères et des mesures à court terme de son propre être, doit s’approcher du Christ avec son anxiété, son incertitude, sa faiblesse et son péché, ainsi que sa vie et sa mort. Il doit entrer en Lui, avec soi-même, il doit assimiler toute la réalité de l’Incarnation et de la Rédemption pour se retrouver … “(n.10)
Il nous a appris à obéir aux commandements de Dieu, montrant qu’ils ne sont pas une restriction de la liberté, mais au contraire – ils fournissent un chemin sûr vers sa plénitude, ils sont sa meilleure garantie. Il a appris à découvrir la valeur et la beauté irremplaçables de la famille chrétienne, construites sur la relation inséparable du sacrement du mariage. “L’avenir de l’humanité passe par la famille …” (Familiaris consortio, n.76) – a-t-il souligné. Il a appelé à la défense de la vie dès la conception à la mort naturelle …
Jean-Paul II nous a appris à utiliser correctement le don de la liberté. C’est une conscience juste et bien formée qui est le guide de la liberté … Aujourd’hui il y a beaucoup de consciences malades et aveugles qui ne savent pas distinguer le bien du mal. Il a déclaré: “La Pologne appelle avant tout des personnes de conscience! Être un homme de conscience, c’est avant tout écouter sa conscience dans toutes les situations et ne pas noyer sa voix en lui-même, bien qu’elle soit souvent difficile et exigeante … “(Skoczów, 1994).
- Le centième anniversaire de la naissance de saint Jean-Paul II nous rappelle que sa personne et son pontificat sont non seulement un cadeau inestimable pour chacun de nous, pour lequel nous devons constamment remercier Dieu, mais aussi une grande mission et un défi. Il ne suffit pas d’admirer Jean-Paul II en des occasions comme celle d’aujourd’hui! Ce n’est pas assez! Il faut mieux apprendre son enseignement et tout simplement le vivre. Aujourd’hui, chacun de nous doit se poser la question: vraiment, quelle part de l’enseignement de Jean-Paul II est en moi? … Parce qu’il y a un grand risque – comme quelqu’un l’a noté – que nous nous souvenions des « mille-feuilles papales », oubliant ce que ce grand Pape nous a appris … C’est de ce sens profond de la responsabilité de l’héritage spirituel que Jean-Paul II nous a laissé qu’est née l’œuvre de la Fondation qui porte son nom. A travers les Cercles d’Amis de la Fondation, elle diffuse parmi les fidèles de différents pays du monde la connaissance du caractère et de l’enseignement de ce grand Pape qui, malgré le passage des années, a beaucoup à nous dire! … Dans cette Eucharistie d’aujourd’hui, en remerciant pour la personne et l’œuvre de Jean-Paul II, nous voulons embrasser dans notre prière tous les Cercles d’Amis de la Fondation sur tous les continents, en leur demandant de remplir fidèlement leur mission dans les milieux dans lesquels ils sont amenés à vivre et à travailler.
Saint Jean-Paul II, priez pour nous! Laissez-nous entendre à nouveau: “N’ayez pas peur! …” “Allez au large”
Traduit le Czesław Noster