?Biały Kruk/Adam Bujak, Arturo Mari

J’ai peut-être la seule chance de toucher le saint

À Rome où je suis venu en 1987, il y avait beaucoup de gens qui pensaient vivre une période exceptionnelle quand un vrai saint régnait au Vatican. Lors des audiences générales, il y avait des croyants du monde entier qui voulaient non seulement voir cet homme, mais surtout ils voulaient le toucher. Les pèlerins, souvent prêtres ou moniales, les malades, les personnes en situation difficile, étaient prêts à endurer beaucoup pour pouvoir toucher le pape. J’ai toujours devant mes yeux les audiences au cours desquelles Karol Wojtyła, encore en pleine force, marchait rapidement au milieu de la salle Paul VI. Et des prêtres et d’autres pèlerins, malgré les mises en garde sévères émises par les gardes du Vatican de rester en bas, essayaient régulièrement de sauter par-dessus les grilles. J’ai vu de jeunes séminaristes monter sur les chaises et sauter par-dessus les obstacles pour toucher Jean-Paul II. Il traversait toute la salle avec une patience angélique. Les gendarmes détestaient ces instants, d’autant plus que les contrôles des fidèles avant d’entrer dans l’auditorium étaient tout simplement ridicules. Ils réalisaient que chacune de ces milliers de personnes que le Pape étreignait, bénissait ou saluait, pouvait avoir un revolver ou un couteau avec elles.

Cela ne semblait pas déranger Karol Wojtyla. Il a compris que tous ces gens voulaient aussi le toucher, qu’en plus d’écouter ses discours ils voulaient aussi lui serrer la main ou du moins effleurer sa soutane. Je me demandais souvent d’où venait ce besoin? Qu’est-ce qui motivait par exemple un résident mexicain ou philippin, à accepter tous ces inconvénients, à permettre aux gardes ou aux gendarmes de se crier dessus ou même d’être repoussés, juste pour toucher la soutane papale? J’ai souvent vu la soutane blanche du pape, après avoir traversé la foule, tachée ou même déchirée. Il me semble que la plupart des gens pensaient inconsciemment à cette scène du Nouveau Testament – voici peut-être ma seule chance de toucher le saint, je ne peux pas la rater.

Andreas Englisch – Guérisseur. Miracles de Saint Jean-Paul II- Éditions WAM. Cracovie 2015