Chaque jour j’ai vu de près la sainteté

J’ai vécu avec un saint. Du moins, durant presque quarante ans, chaque jour j’ai vu de près la sainteté comme j’ai toujours pensé qu’elle devait être. Je l’ai vue en cet homme, Karol Wojtyła, à travers le rapport tellement intime, tellement mystérieux, qu’il avait avec Dieu. À travers la force liée à la transparence de sa foi. À travers le courage avec lequel il témoignait de la vérité du Christ et de la valeur de la vie. Et à travers l’amour avec lequel il approchait chaque homme, chaque femme, et en respectait la dignité indépendamment de la couleur de la peau, de la race, de l’appartenance religieuse.
Je l’ai vue, cette sainteté, dans la passion évangélique que Karol Wojtyła mettait pour que l’Église redevienne une famille, une maison accueillante, sous le signe de la miséricorde, de l’unité dans la multiplicité des charismes et des dons. Et pour que l’humanité bannisse toute peur, résiste à la tentation d’ouvrir de nouveaux conflits et de céder aux nouveaux intégrismes, et après avoir abattu les murs, après avoir repoussé les idéologies, retrouve les chemins de la paix, de la justice et de la solidarité. J’ai vu de près la sainteté, tandis que le pape Wojtyła était encore en vie. Une sainteté ordinaire, qui coïncidait avec les moments mêmes de la vie quotidienne, avec les occupations et les fatigues de chaque jour, avec les rencontres des gens du monde entier, les grandes cérémonies publiques et les moments réservés jalousement à sa propre intériorité spirituelle. Ou, également, plus simplement, une sainteté qui prenait la couleur de l’étonnement, un étonnement toujours nouveau, quand il ouvrait les yeux chaque matin et regardait les merveilles du Créateur.
Puis, après des années, j’ai vu une sainteté constamment marquée par la croix, comme l’a été toute l’existence de Karol Wojtyła depuis sa jeunesse. Une sainteté qui a frôlé l’héroïsme, sinon le martyre, quand on a tenté de le tuer, et dans cette terrible maladie qui l’empêchait de marcher, et même de parler et qui l’a conduit à la mort. Et il a accepté tout cela avec sérénité, s’abandonnant dans les bras du Seigneur. Comme il l’a écrit au début de son testament : « Je désire Le suivre… »
J’ai continué à voir la sainteté dans cette foule incroyable de gens qui est venue lui rendre un ultime adieu devant sa tombe, et, le 1er mai 2011, est revenue à Saint-Pierre pour sa béatification. C’ était son peuple. Le peuple de tous ceux qui l’ont aimé, de tous ceux qui se sont identifiés à lui ou en sont restés touchés.

Avec l’accord du cardinal Stanisław Dziwisz « J’ai vécu avec un saint »
Edition – Wydawnictwo Św. Stanisława – Cracovie 2013