À dix-neuf heures, Jean-Paul II perdit connaissance. Auprès de son lit veillaient les deux secrétaires, l’abbé Styczeń, l’archevêque Ryłko, le cardinal Jaworski, le père Drążek et l’abbé Konrad Krajewski. Il y avait aussi les sœurs du Sacré-Cœur, des médecins et des infirmiers ainsi que le docteur Wanda Półtawska qui avait obtenu sa guérison, des années plus tôt, grâce à la prière de Jean-Paul II.
À vingt heures, les prêtres célébrèrent une messe. Après la messe, les sœurs récitèrent le chapelet. Elles pleuraient. L’archevêque Dziwisz tenait le Pape par la main. Tous regardaient l’écran du moniteur cardiaque et priaient.
Le cœur s’arrêta de battre, il était 21h37. « Juste après la mort du Saint-Père, le père Stanislas a entonné le « Te Deum ». C’était difficile pour moi. Car comment chanter « Nous te louons, Seigneur » lorsque quelqu’un d’aussi proche vient de partir ? Comment se réjouir et chanter à la gloire du Seigneur ? »
– Cela vous a-t-il mis mal à l’aise ?
– Oui. J’ai pensé que c’était un chant inadapté en cet instant. Humainement parlant. Mais j’ai vite compris que nous nous trouvions devant une vie et une mort à la gloire de Dieu.
– Vous avez terminé le cantique. Que s’est-il passé ensuite ?
– Il fallut informer le Secrétariat d’État. Le cérémoniaire vint, pour préparer le Saint-Père à l’enterrement. Il le lava, l’habilla. Les personnes les plus proches durent alors quitter la chambre. Ensuite, le Saint-Père fut transporté dans sa chapelle privée. Sa chambre fut fermée, notre rôle se terminait.
– Avez-vous pleuré après la mort du Saint-Père ?
– J’ai eu beaucoup de chagrin, mais j’ai retenu mes larmes. J’avais pleuré un peu plus tôt. Mais n’écrivez pas cela…
– Ce n’est pas une honte. Tout le monde pleurait. (…)
– Vous êtes-vous alors senti seul, abandonné ?
– Oui. D’autant plus que nous avons dû quitter l’appartement du Pape assez rapidement… Telles sont les procédures. C’était le plus difficile.
– Qui a mis de l’ordre dans les affaires du Saint-Père ?
– Nous aurions pu mettre de l’ordre avant la mort du Saint-Père, mais nous n’en avions eu ni le temps, ni les moyens, car nous nous occupions du Saint-Père. Il avait besoin de nous. Après sa mort tout a été fermé, plombé. Propriété du Vatican.
L’enterrement eut lieu le vendredi 8 avril. Les vêtements des cardinaux étaient fouettés par le vent et l’évangéliaire se referma sur le couvercle en cyprès. Le deuxième secrétaire de Jean-Paul II interprète ces symboles de la manière la plus simple, comme il le peut. Tout est accompli. Il ferme les yeux et voit le Saint-Père mettre sa cape et marcher sur la terrasse…
Avec l’accord de l’archevêque Mieczysław Mokrzycki – « Le mardi était son jour préféré »
Edition M, Cracovie 2008