Son état s’aggravait d’heure en heure

 

– Et arriva le vendredi  1 avril…

– Le Saint-Père se leva avant six heures. Il était épuisé. Dans la nuit, une crise s’était produite, le Pape avait été victime d’un arrêt cardiaque. Le cœur refusait d’obéir, à cause de la fièvre et de l’infection. Mais le matin, il se sentait un peu mieux. Le Saint-Père participa à la messe que nous célébrions à côté de son lit. Il nous demanda ensuite de lui lire les quatorze stations du chemin de croix. Les sœurs faisaient la lecture. Le Saint-Père écoutait et priait. Les médecins disaient que son état s’aggravait d’heure en heure.

– Et des personnes arrivaient sans cesse ?

– Il en venu un certain nombre : des cardinaux, des évêques, certaines religieuses, mais aussi des laïcs. Le cardinal Jaworski et l’abbé Styczeń sont arrivés. Il m’avait semblé que le cardinal Ratzinger était venu lui aussi le vendredi, mais quelqu’un m’a dit plus tard qu’il était arrivé le samedi.

– Il était dix-neuf heures sur la place Saint-Pierre, des foules s’étaient rassemblées. Vous racontiez cela au Saint-Père…

– Le père Stanislas lui dit qu’il y avait des foules, qu’il y avait aussi des jeunes. Et soudain, le Saint-Père commença à réagir. « Je n’ai pas pu… qu’ils son venu ici… Merci. » Le père Stanislas posait des questions, le Saint-Père expliquait par des gestes, hochait la tête et confirmait.

-« Je vous ai cherchés et maintenant, vous êtes venus à moi, et je vous en remercie. »

– C’est bien cela.

– Ce n’était donc pas une note manuscrite ?

– Non. C’étaient des gestes du Saint-Père que nous avons interprétés ainsi, et qu’il a confirmés.

– Le cardinal Ratzinger a témoigné plus tard qu’il avait trouvé le Saint-Père pleinement conscient de se rendre vers Dieu… Cela se voyait-il ?

– C’est difficile à dire. Son visage était serein. Je me souviens que le samedi matin, le Saint-Père était tout à fait conscient.  Et lorsque des hôtes venaient, il les regardait, saluait, bénissait.

– Souriait-il ?

– Il souriait, oui. C’est pourquoi je dis que l’on ne voyait pas sur le visage du Saint-Père qu’il faisait ses adieux à ce monde. Tout était très naturel.

– Disait-il quelque chose ?

– Il ne parlait pas, il murmurait seulement. Nous ne voulions pas le fatiguer. Il n’y avait que des gestes de bienvenue, de salutation.

– A-t-il eu des désirs ? A-t-il voulu voir quelqu’un ?

– Il n’a pas exprimé de tel désir.

Avec l’accord de l’archevêque Mieczysław Mokrzycki – « Le mardi était son jour préféré »

Edition M, Cracovie 2008