À l’ouverture de la troisième session du Concile, Karol Wojtyła, nommé archevêque, s’est placé plus près de l’autel. Cela impliquait une transition de l’écoute à la création, c’est-à-dire à la participation active aux délibérations et à la prise de parole plus fréquente. Cela concernait, entre autres, le contenu de la constitution pastorale Gaudium et Spes, l’une des plus grandes nouveautés conciliaires. Il n’est jamais arrivé auparavant que l’Église manifeste si fortement et clairement son attachement aux problèmes des gens, au sort de l’humanité et qu’elle ne traite pas a priori le monde comme un ennemi, un adversaire à combattre. Sur ce point particulier, Mgr Wojtyła avait prévu l’arrivée de nouveaux temps pour l’Église, à la fois polonaise et universelle. C’était un évêque qui ne craignait pas le monde et, renforcé par le message évangélique, allait courageusement à sa rencontre. Il a pu identifier les valeurs importantes de la civilisation moderne. Il croyait que grâce à une orientation et une sanctification appropriées, on réussirait non seulement à l’accepter mais à s’en inspirer. La question importante de la liberté religieuse demeurait. Karol Wojtyła, du fait qu’il venait d’un pays où il était constamment aux prises avec un régime totalitaire liberticide, a considérablement contribué au développement de la discussion. Son engagement visait à surmonter le concept négatif de liberté qui se limitait uniquement à la tolérance, ainsi qu’à soutenir la liberté de religion qui représente l’expression la plus complète de la dignité humaine, un droit qui ne peut être ignoré ni même nié par aucune autorité. La principale nouveauté que l’archevêque Wojtyla a apportée aux délibérations conciliaires a été de souligner la place centrale de la personne humaine dans une vision profondément christocentrique et une ouverture au monde à travers l’Évangile, à la défense des droits de l’homme, en particulier le droit à la liberté de conscience et de religion. Son pontificat ultérieur deviendra une synthèse de l’expérience acquise en Pologne et de celles qui y ont mûri pendant le Concile Vatican II.
Avec le consentement du cardinal Stanisław Dziwisz – “Témoignage”.
Edition TBA. Varsovie 2007