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Il manifestait toujours une patience infinie pour l’aider à comprendre

Ce matin, dans la cathédrale, à un certain moment explosa en moi une grande émotion. J’allais être consacré administrateur des mystères de Dieu ! Ma vie allait changer ! Pour toujours ! Et j’en eus la sensation précise quand j’ai senti ces deux mains se poser sur ma tête. (…) Je sentis ces deux mains, et aussi la chaleur qu’elles transmettaient. Comment pouvais-je imaginer que cet évêque qui me conférait le sacrement de l’ordre allait devenir pape?

Stanisław Dziwisz avait connu Karol Wojtyła quand, à dix-huit ans, il était entré au séminaire. C’était son professeur de morale et il l’avait déjà impressionné la première fois qu’il l’avait vu. D’un séminariste plus âgé il avait appris quelque chose de son passé : il avait perdu sa mère et son frère quand il était encore enfant et ensuite, à vingt ans, son père. Il avait fait du théâtre, il était aussi poète, et après l’invasion des armées hitlériennes, pour éviter de finir dans un camp de concentration, il avait travaillé dans une carrière de marbre. Le père Wojtyła cependant n’en parlait jamais. Mais si, par hasard, il devait faire quelque référence à la guerre, on voyait dans ses yeux qu’il portait encore en lui le souvenir de cette période terrible et de tant d’amis et de compagnons d’école, parmi lesquels beaucoup de juifs, perdus dans les combats ou disparus dans les camps nazis.

Je m’n aperçus tout de suite. Le père Wojtyła était un homme de grande culture, de grande sagesse. Il savait bien expliquer et employait des paroles simples, même quand il abordait des arguments difficiles pour nous, comme les fondements philosophiques qui allaient nous introduire à la théologie morale. Mais, en plus d’être un bon professeur, on voyait qu’il avait une profonde vie intérieure, spirituelle. Ensuite, ce qui nous fascinait le plus était sa façon d’approcher les autres et de s’ouvrir à aux, en somme, son humanité. Il n’y avait pas de distance entre le maître, l’intellectuel et ses étudiants. Si l’un de nous avait quelques difficultés, ou s’il lui posait des questions, il manifestait toujours une patience infinie – mais d’une façon très naturelle et spontanée – pour l’aider à comprendre, à rejoindre le niveau des autres. Il était déjà évident alors que le respect pour l’homme, pour tout homme était inné chez lui.

Avec l’accord du cardinal Stanisław Dziwisz « J’ai vécu avec un saint »

Edition – Wydawnictwo Św. Stanisława – Cracovie 2013