Le rite des obsèques arrivait désormais à la fin. Sur la place Saint-Pierre un grand silence était tombé, comme si le temps s’était arrêté subitement. Le moment de la dispersion approchait. On allait s’éloigner de ce cercueil et de ce qu’il pouvait signifier, mais on ne s’éloignait pas de lui, on restait proche de cet homme habité par la force de l’Évangile. On ne pouvait pas être séparé de celui qui avait semé dans le monde entier. Et voilà que, tout à coup, apparurent au-dessus des têtes ces banderoles avec deux seules paroles : « Santo subito », « Santo subito ». Les mêmes paroles que des voix sans visage, immergées dans la foule immense, scandaient en rythme : « Santo subito », « Santo subito ». Il y avait des chefs d’État et de gouvernement venu de toutes les parties du monde qui regardaient avec curiosité, cherchant à comprendre. Mais, ce qui me préoccupait, c’était les visages de quelques cardinaux, de quelques personnages de la curie que je connaissais bien. Ils se penchaient en avant pour repérer d’où venait ce cri et se tournaient ensuite vers moi en me souriant, c’est vrai, mais que voulaient-il me dire ? (…)
Qu’il soit saint – je crois l’avoir déjà dit – j’en étais convaincu depuis le temps où le père Wojtyła avait été mon professeur au séminaire. Et cette conviction s’était peu à peu renforcée, avec le temps, pendant que je vivais à ses côtés, jour après jour, d’abord à Cracovie, ensuite au Vatican. Une sainteté qu’il vivait dans la discrétion, dans le secret, dans l’engagement quotidien. Une sainteté qui était service, radicalité évangélique mais était aussi, si je peux m’exprimer ainsi, incroyablement normale. IL faudrait raconter tant de faits dont quelques-uns vraiment inexplicables. Mais il faut aussi savoir s’arrêter par respect comme devant le sanctuaire intime d’une âme.
Avec l’accord du cardinal Stanisław Dziwisz « J’ai vécu avec un saint »
Edition – Wydawnictwo Św. Stanisława – Cracovie 2013